Une prise de sang pour prédire son risque de décès à 5 ans ?

Déterminer par une simple prise de sang si l’on va mourir d’ici 5ans, c’est possible! C’est en tous cas la promesse d’une vaste étude qui a identifié quatre biomarqueurs sanguins dont la concentration trop élevée ou trop faible prédirait de façon relativement fiable le risque de décès à court terme de personnes apparemment en bonne santé. Explications.

Vous voulez connaître votre risque de mourir d'ici 5 ans ? Faites une prise de sang !

Il n’existe, à l’heure actuelle, aucun moyen de prédire de façon sûre le risque de tomber malade ou de mourir prochainement. Pourtant, identifier de manière précoce et fiable les personnes apparemment en bonne santé mais qui sont en fait fragiles serait un moyen de cibler les personnes chez lesquelles des actions de prévention seraient utiles.Identification de 4 biomarqueurs sanguins capables de prédire le risque de mortalitéUne équipe de chercheurs a mesuré la concentration sanguine d’une centaine de biomarqueurs à l’aide de la spectroscopie par résonance nucléaire magnétique. Leur analyse portait sur des échantillons de plasma issus d’une biobanque estonienne, prélevés sur près de 10 000 personnes. Ils ont parallèlement examiné les données de santé de ce groupe, et constaté que 508 personnes étaient décédées durant le suivi de 5 ans, pour la majorité d’une

maladie cardiovasculaire, d’un

cancer ou d’autres pathologies.Par une analyse statistique, ils ont recherché s’il existait des liens entre les concentrations sanguines des différents biomarqueurs et le risque de décès à court terme : ils ont découvert que quatre biomarqueurs (l’

albumine, l’α 1-glycoprotéine acide, la lipoprotéine de très faible densité –

VLDL- et le citrate) prédisaient ce risque de manière remarquablement précise.Ils ont réédité l’expérience sur plus de 7 500 échantillons de plasma issus d’une biobanque finlandaise et ont obtenu les mêmes résultats.Ils ont alors poursuivi leurs travaux en réalisant des analyses statistiques prenant en compte d’autres facteurs de risque connus pour leur impact sur la santé : l’âge, le poids, le tabagisme et la consommation d’alcool, le taux de cholestérol et la pré-existence de maladies (

diabète et cancer). Là encore, le lien entre les quatre biomarqueurs et le risque de décès à court terme a été vérifié.Un risque de décès jusqu’à 19 fois supérieur
Les quatre biomarqueurs sont impliqués dans divers mécanismes physiopathologiques dont l’inflammation, le déséquilibre hydrique, le métabolisme lipoprotéique ou encore l’homéostase métabolique.
– L’α 1-glycoprotéine acide (ou orosomucoïde) s’élève en réponse à une infection ou une inflammation. Mais son rôle fonctionnel est encore mal connu. Néanmoins, les résultats de l’étude confortent l’hypothèse selon laquelle cette protéine de phase aiguë reflète le risque de décès par maladie vasculaire ou non-vasculaire et par cancer ;
– L’albumine est un marqueur des fonctions rénale et hépatique, du statut nutritionnel et de l’inflammation. Une faible albuminémie est associée à un accroissement de la mortalité toutes causes confondues, à la fois chez les personnes en apparente bonne santé et chez les individus malades. Son dosage est cependant rarement effectué chez les gens qui ne présentent aucun symptôme.
– Les triglycérides issus du métabolisme des lipoprotéines sont reconnus comme facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, particulièrement en dehors des phases de jeûne. D’après l’étude, la taille des VLDL est inversement proportionnelle au risque de décès, et cette association est encore plus forte lorsque l’α 1-glycoprotéine acide est également prise en considération. Cela peut indiquer un effet combiné du métabolisme des triglycérides et de l’inflammation, suggèrent les chercheurs ;
– Enfin, le citrate est central dans le métabolisme énergétique. L’augmentation de sa concentration sanguine est associée à un risque accru de mortalité cardiovasculaire et de mortalité par cancer, mais surtout de mortalité pour une autre cause. Les mécanismes sous-jacents restent cependant inconnus.Mais c’est surtout lorsqu’ils sont combinés en un score que la capacité de ces quatre biomarqueurs à prédire le risque de décès à 5 ans s’est avéré la plus remarquable : les personnes situées dans la zone rouge avaient ainsi un risque de mourir dans les 5 prochaines années 19 fois plus important que celles qui étaient au contraire dans la zone verte.Des liens entre des maladies bien distinctesQue suggèrent ces résultats ? Pour ses auteurs, cela montre que quatre biomarqueurs sanguins, dont on peut mesurer la concentration par spectroscopie à résonance magnétique nucléaire, suffisent à eux seuls à dire si une personne qui paraît en bonne santé a en fait un risque élevé de mourir d’une maladie cardiovasculaire, d’un cancer ou de tout autre maladie d’ici 5 ans. Surtout, cela révèle l’existence de liens jusqu’ici inconnus entre des maladies pourtant bien distinctes.L’étude comporte toutefois plusieurs limites, reconnaissent ces auteurs. Et ces derniers de souligner qu’il s’agit d’une étude d’observation, qui ne fait que mettre en évidence une corrélation entre le score d’un ou plusieurs biomarqueurs et la mortalité. En outre, la spectroscopie par résonance nucléaire magnétique ne permet pas de détecter autant de biomarqueurs que la spectrométrie de masse, qui pourrait au final s’avérer plus spécifique. Enfin, les deux groupes sur lesquels a porté l’étude était des Européens du Nord, on ne sait donc pas si l’on obtiendrait les mêmes résultats dans d’autres groupes ethniques ou dans des populations ayant des modes de vie distincts.Mais surtout, à quoi bon dire à une personne qui semble en bonne santé que son risque de mourir d’ici 5 ans est en fait très élevé si l’on ne sait pas exactement quelle maladie prévenir ? Amélie PelletierSource : Fischer K, Kettunen J, Würtz P, Haller T, Havulinna AS, et al. (2014)

Biomarker Profiling by Nuclear Magnetic Resonance Spectroscopy for the Prediction of All-Cause Mortality: An Observational Study of 17,345 Persons. PLoS Med 11(2): e1001606. doi:10.1371/journal.pmed.1001606Click Here: camiseta seleccion argentina

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