Ready Player One : Pourquoi Steven Spielberg était le réalisateur idéal pour adapter le roman d’Ernest Cline

Plusieurs réalisateurs de renom étaient pressentis pour adapter le roman d’Ernest Cline à l’écran. Pour comprendre pourquoi Steven Spielberg était le choix idéal, nous sommes allés à la rencontre d’un spécialiste…

Sorti en 2011, Ready Player One est de ces romans phénomène dont les passionnés attendent et, en même temps, redoutent l’adaptation cinématographique. Il faut dire que l’oeuvre d’Ernest Cline est ambitieuse à plusieurs égards. Non seulement le roman se situe dans le futur, en 2044, à un moment où la terre, ravagée, n’offre plus les ressources nécessaires, mais il offre aussi la possibilité de s’attaquer à l’imagerie de la réalité virtuelle. Dans ce monde où la pauvreté et la famine règnent, tous les humains ont en effet trouvé refuge dans l’Oasis, un univers virtuel de haute volée qui, au fil du temps, a fini par créer une véritable société à part entière…

Au futur et à la réalité virtuelle s’ajoute aussi une portée nostalgique. La culture des années 80 est en effet essentielle pour accomplir la quête que propose le roman. Pour porter ce défi scénaristique et cinématographique, il fallait donc un réalisateur de pointure.

A la fin de l’année 2014, les fans étaient d’ailleurs plus que satisfaits en découvrant les réalisateurs pressentis pour l’adaptation au cinéma : Robert Zemeckis, Edgar Wright, Brad Bird, Christopher Nolan, Matthew Vaughn ou encore Peter Jackson. Une liste en or massif même si, comme nous le rappelle Robin Fender, pédopsychiatre, cinéphile et spécialiste du roman, un nom en particulier pouvait faire toute la différence :

“Je m’étais dit, le totem, le must, ce serait Spielberg. Il n’y a pas mieux. C’est la personne rêvée parce que d’emblée, avec Spielberg, ça signe une démarche. Derrière, il y a un propos qui transparait, avant même qu’on ait vu des images ou le film. D’emblée, il y a quelque chose de très métatextuel, de l’ordre d’une correspondance entre la fiction et la réalité. Il y a ce bouquin-là qui voue un culte à la pop culture des années 80, tourné aussi vers le futur, et Spielberg incarne cette facette et ce propos-là à la perfection, puisque c’est lui-même qui a initié cette pop culture. Dans les années 70-80, il faut savoir que c’était de la contre-culture, ce n’était pas du tout porté aux nues comme ça l’est aujourd’hui. Avant, cette culture était dénigrée et il a permis de créer cette communauté geek qui, aujourd’hui, aime le roman et attend le film en fait. C’était lui la personne idéale pour réaliser le film.”

Finalement, en mars 2015, le rêve devient réalité : Steven Spielberg est choisi pour adapter le monde de Ready Player One sur grand écran. Commence alors pour le réalisateur un gros travail d’adaptation aux côtés de l’auteur Ernest Cline et de Zak Penn, les scénaristes du film. Pour le cinéaste, s’ouvre aussi la perspective de créer à nouveau une aventure d’envergure. 

Dans Ready Player One, l’Oasis est en effet un monde virtuel bourré de milliers de planètes différentes. Mais, c’est aussi l’oeuvre d’un homme mystérieux : James Halliday. Un milliardaire qui, à sa mort, a lancé une immense chasse à l’intérieur de l’Oasis pour trouver un trésor qu’il y a caché, le fameux oeuf de Pâques. Pour le dénicher, le gagnant doit replonger dans la pop culture des années 80, obsession d’Halliday, et connaître sur le bout des doigts ses films, séries, livres, musiques ou encore jeux vidéo favoris. C’est ce que Wade Watts tente justement de faire dans le film. 

Pour Robin Fender, Steven Spielberg représenterait même les deux personnages au coeur du film :

 “Je pense que Spielberg est à la fois l’enfant, Wade Watts, et James Halliday, le créateur de l’Oasis. Il est ces deux facettes-là. Le gamin émerveillé comme le conteur, le passeur, le transmetteur, le créateur qui a, comme ça, de l’inspiration infinie et la livre au monde (…) Je ne sais pas si Ernest Cline, l’auteur du roman, avait Spielberg en tête quand il a écrit le roman. Mais, on ne peut pas s’empêcher de penser que oui. Il y a tous les indices qui convergent vers cette hypothèse-là. On se doute en tout cas qu’il avait en tête une espèce de mélange entre Willy Wonka, Steve Jobs, Zuckerberg pour le côté peut-être un peu plus moderne et aussi Spielberg, le roi de la pop culture.

“Je pense qu’il sait qu’il est lui-même Wade Watts et James Halliday”, poursuit Fender. “Comme il était la petite orpheline et Le bon gros géant. Comme il était E.T. et Elliott. Plus récemment, il a toujours été, comme ça, des facettes de personnages. Dans Jurassic Park, il était autant Alan Grant que John Hammond, le créateur comme la personne émerveillée. Là, aujourd’hui, il est Wade Watts, il est James Halliday et je pense qu’il en a conscience. Forcément, la démarche est métatextuelle et il y a quelque chose qui renvoie à ce que, lui, il renvoie dans le monde.”

Et comme le note ce spécialiste de Spielberg, on peut également entrevoir une troublante ressemblance physique – ou du moins de style – entre le jeune cinéaste et le Wade Watts de la réalité…

En s’attelant à la réalisation de Ready Player One, Steven Spielberg n’a toutefois pas voulu en faire une oeuvre à sa gloire. Il a même voulu gommer les nombreuses références que le roman d’Ernest Cline fait à son cinéma, trouvant qu’aller en ce sens serait “trop auto-référentiel”, comme il l’indiquait déjà en 2015 à Entertainment Weekly. 

Pour autant, a-t-il pu supprimer tout l’apport qu’il a offert aux années 80 ? A-t-il pu totalement se rendre invisible ? Avant de découvrir le film, Robin Fender a tenu à revoir toutes les oeuvres qui ont un rôle dans le roman : “J’ai essayé en quelque sorte de devenir Wade Watts parce que je me suis toujours dit : Spielberg, en réalisant le film, il va sans doute, dans une espèce de connexion avec le personnage de Halliday, laisser des easter eggs dans le film qui seront vraiment dédiés aux fans. Je me suis dit qu’il y aurait un petit cadeau à ses fans de la première heure.

Ces derniers ne manqueront pas de passer une partie du film à essayer de noter ces éventuel clins d’oeil.  Dont on ne vous dira rien ici. Promis. Du moins, pour le moment…

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