Mort de Patrice Chéreau, grand homme de cinéma et génie théâtral
Le metteur en scène français Patrice Chéreau est décédé ce lundi 7 octobre, à Paris, des suites d’un cancer du poumon, à l’âge de 68 ans. Adulé des amateurs de théâtre, il s’était imposé dans le monde du cinéma avec des films comme “La Reine Margot”, “Intimité” ou “Ceux qui m’aiment prendront le train”.
Patrice Chéreau sur le tournage de Gabrielle © D.R.
Metteur en scène de théâtre vénéré, cinéaste accompli, acteur vibrant, Patrice Chéreau s’est éteint ce lundi 7 octobre, à Paris, des suites d’un cancer du poumon. Il avait 68 ans.
“Tout ce que je sais, tout ce que j’ai appris, c’est très peu de spectacles de théâtre et énormément de films. J’ai choisi le théâtre parce qu’il était à portée de main” confia en 1995 Patrice Chéreau aux Inrockuptibles. Fils cadet d’un peintre, cet adolescent introverti hante la Cinémathèque où il découvre Orson Welles et l’expressionnisme allemand, deux influences majeures. En 1964, il monte au lycée Louis Le Grand son premier spectacle, L’Intervention de Hugo, et suit des études de lettres classiques et d’allemand, avant de devenir animateur de troupe à Sartrouville (de 1966 à 1969), Villeurbanne (auprès de Planchon de 1971 à 1977), et au Piccolo Teatro de Milan (auprès de Strehler).
Charlotte Rampling dans “La Chair de l’orchidée”
© Twentieth Century Fox / Lira Films
Dans le Noir…
Patrice Chéreau s’essaie au cinéma en 1975 en signant un polar stylisé, La Chair de l’orchidée, adaptation d’un roman de James Hadley Chase avec Charlotte Rampling mais aussi Simone Signoret, l’héroïne de Judith Therpauve, son deuxième opus qui, lui, s’inscrit dans une veine très réaliste. Plus personnel, son film suivant, L’Homme blessé, révèle Jean-Hugues Anglade, dans le rôle délicat d’un jeune homosexuel tourmenté, et vaut au cinéaste et à son complice Hervé Guibert le César du Meilleur scénario en 1984. Devenu deux ans plus tôt directeur du Théâtre des Amandiers de Nanterre, le metteur en scène fait tourner dans Hotel de France (1987), variation autour de Platonov, les élèves de cette école, qui ont pour nom Vincent Perez ou Valeria Bruni-Tedeschi. A l’occasion, lui-même joue la comédie, incarnant Napoléon pour Chahine, Desmoulins pour Wajda ou encore Jean Moulin pour Berri.
Isabelle Adjani dans “La Reine Margot” © Luc Roux – Collection Fondation Jérôme Saydoux-Pathé – Pathé Production – France 2 Cinéma – DA Films – RCS Produzione TV SPA – Nef Filmproduktion
“La Reine Margot”, la consécration
Figure majeure du théâtre français, Chéreau devra toutefois attendre les années 90 pour parvenir à s’imposer comme cinéaste. En 1994, sa relecture sombre et sanglante de La Reine Margot remporte à Cannes le Prix du jury et un Prix d’interprétation pour Virna Lisi. Ancré dans la France d’aujourd’hui, le fiévreux Ceux qui m’aiment prendront le train (2000) témoigne encore de son talent de directeur d’acteurs et lui vaut un César du Meilleur réalisateur.
Mark Rylance dans “Intimité” © Bac Films / Pascal Greggory dans “Gabrielle” © D.R.
Radical et sombre
Après plusieurs films de troupe, Chéreau, toujours inspiré par la littérature, opte pour des oeuvres à deux personnages : Intimité (2001), d’après Hanif Kureishi, récit cru d’une passion sexuelle, tourné à Londres, en anglais, et couvert de récompenses (Ours d’Or et Prix d’interprétation féminine à Berlin, Prix Louis-Delluc), puis Son frère, nouvelle exploration des liens familiaux, avec Bruno Todeschini (Ours d’argent à Berlin en 2003) et le drame conjugal Gabrielle, un film d’époque adapté de Conrad, qui marque sa rencontre avec Isabelle Huppert, et sa première sélection à Venise, en 2005. Le cinéaste revient sur le Lido en 2009 avec Persécution, film urbain et sombre, dans lequel Romain Duris est à la fois victime de harcèlement et agressif envers son entourage.
Notre interview de Patrice Chéreau pour “Persécution” :
La Rédaction d’AlloCiné
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