Pour son premier long métrage en tant qu’acteur, la rock star Roman Bilyk, alias Roma Zver, s’est illustré en Compétition au Festival de Cannes. Mais sans son réalisateur, assigné à résidence en Russie. Deux sujets qu’il évoque avec nous.

Présenté en Compétition, Leto a électrisé la Croisette en nous plongeant dans la scène rock alternative du début des années 80 en Russie. Une chronique emmenée par Roman Bilyk, alias Roma Zver, vraie rock star qui fait ici ses premiers pas sur grand écran. Et c’est au Festival de Cannes qu’il a effectué ce baptême du feu devant la caméra de Kirill Serebrennikov, et l’a ensuite évoqué à notre micro : “C’est mon premier film”, nous confirme-t-il. “Kirill m’a appelé en février de l’année dernière avec une proposition : il voulait me proposer ce rôle de Mike Naumenko. En tant que musicien, cette expérience était bien évidemment très intéressante pour moi.”

“Mais comme je suis musicien, et non comédien, j’ai tout de suite fait part de mes doutes et craintes à Kirill, en lui disant que je n’étais pas sûr d’être à la hauteur. Je lui ai fait comprendre que j’avais vraiment besoin de son soutien moral, à cause de ces craintes, mais je savais que c’était une personne douce et attentionnée, qui m’accompagnerait tout au long de cette expérience pour me rassurer. Il a cru en moi comme j’ai cru en lui.” C’est ainsi que Roma Zver incarne Mike Naumenko, leader du groupe Zoopark, mais n’a pu compter sur la présence de son metteur en scène à Cannes, car celui-ci est assigné à résidence depuis son arrestation, en plein tournage de Leto, accusé de détournement de fonds publics.

Beaucoup ont peur de se faire persécuter

Une preuve que faire des films en Russie est devenu compliqué ? “Ça n’est pas tant qu’il est compliqué de faire des films”, répond le néo-acteur. “Il est dur de rester libre. Surtout pour un auteur, un créateur comme Kirill. Il est dur de s’exprimer librement, même sans critiquer les autorités. Mais beaucoup ont peur de se faire persécuter, et du fait que même en défendant un ami comme Kirill, ils pourraient en souffrir et être persécutés. Il y a de moins en moins de personnes capables de s’exprimer librement en Russie. Et ce dont nous sommes témoins aujourd’hui, l’humiliation publique de Kirill, c’est une forme d’intimidation de la part des autorités.”

De là à penser que la situation du réalisateur et le sujet du film, qui montre comment les artistes sont allés contre les autorités pour faire émerger le rock alternatif, il n’y a qu’un pas que Roma Zver franchit avec nous : “On peut faire le parallèle oui”, nous dit-il en souriant.

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A noter que la bande originale de Leto figure également en compétition pour le prix Cannes Soundtrack.

“Leto” sortira dans nos salles le 5 décembre, et son équipe a monté les marches de Cannes en affichant son soutien envers Kirill Serbrennikov.