Cannes 2015 : “Comment peut-on comparer Mad Max et Plus fort que les bombes ?”

Quelles sont les influences de Joachim Trier pour “Plus fort que les bombes” ? Comment a-t-il choisi Gabriel Byrne ? Que pense ce dernier du Festival de Cannes, où le film a été présenté en Compétition ? Réponses avec les intéressés.

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Qu’a pensé la presse de Plus fort que les bombes ?

Il n’y avait pas que Pixar à Cannes en ce lundi 18 mai. Peu de temps après la projection de Vice Versa, Joachim Trier montait les marches avec Gabriel Byrne et Isabelle Huppert pour présenter Plus fort que les bombes, son troisième long métrage et sa première participation à la Compétition cannoise, après un passage à Un Certain Regard avec Oslo, 31 août, en 2011.

Aussi passionnants l’un que l’autre, le réalisateur et son acteur principal reviennent sur ce long métrage ainsi que sur le festival, où Byrne s’est illustré face aux frères Coen, pour qui il avait joué au début des années 90.

Plus fort que les bombes

Joachim Trier : Beaucoup de réalisateurs français m’inspirent. Je parlais avec quelqu’un, l’autre jour, du triste décès d’Alain Resnais, qui a fait d’incroyables films sur la mémoire, l’Histoire et l’identité. Hiroshima, mon amour est l’un de mes films préférés et Plus fort que les bombes, sans chercher à me comparer avec le maître, est aussi une réflexion sur la mémoire et l’identité, même si le récit est centré sur une famille. Il y aussi beaucoup de réalisateurs contemporains intéressants : je suis très content d’être en Compétition avec Jacques Audiard, qui est un metteur en scène merveilleux.

Notre film est, au final, optimiste. Il interroge la façon dont nous devons réévaluer notre enfance, nos souvenirs et notre perception de chacun, et montre à quel point c’est difficile. Nous avons donc voulu raconter une histoire pleine d’espoir mais je voulais qu’il pose des questions plutôt que d’y répondre.

L’amour peut tout vous garantir

Gabriel Byrne : Plus fort que les bombes m’a rappelé les films que Bergman faisait : il est très calme, simplement présenté mais avec des thèmes complexes. Et plus vous creusez sous la surface, plus il se fait profond. Et c’est un film sur une famille. Nous sommes tous des membres d’une famille et notre façon de la voir nous est propre, mais il y a quand même un langage commun sur certaines expériences : la tragédie, le deuil, essayer d’être père, d’être héroïque, d’être une bonne personne et de faire en sorte que tout aille bien alors que l’on trébuche sur des choses que l’on ne connaît pas. L’amour peut tout vous garantir.

Je pense qu’il n’y a qu’un seul test pour un film : est-ce qu’il vous émeut ? Si c’est le cas, je pense que vous vous en souviendrez. C’est très différent du fait d’être impressionné par un film, car vous pouvez l’être par sa technique ou le jeu des acteurs. Pour être profondément ému par un film, il faut que celui-ci entre et descende en vous.

C’est une chose extrêmement compliquée à réussir : des gens verront le film et lui résisteront, pour quelque raison que ce soit. Mais d’autres entreront dedans, partageront son point de vue et seront peut-être émus par le film. Mais ce n’est pas une histoire sensationnelle, avec des voitures qui explosent et un récit prévisible. Elle tourne autour de thèmes humains profondément universels.

Comme une conversation d’après soirée entre une mère et son fils :

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Gabriel Byrne par Joachim Trier, et inversement

Joachim Trier : Gabriel Byrne est un acteur que je suis depuis longtemps et le trouvais parfait pour incarner ce père, car il en fait un portrait original. Ce n’est pas un patriarche autoritaire mais un père aimant, attentionné et proche. Trop proche peut-être, mais c’est intéressant, et j’ai récemment beaucoup aimé le travail de Gabriel dans la série En analyse.

Je ne me suis pas posé la question

Gabriel Byrne : J’avais vu Nouvelle donne et Oslo, 31 août et je me rappelle avoir pensé que ce type était bon. Puis j’ai oublié. Mais il a vu l’une des choses que j’ai faites et m’a appelé pour que nous nous rencontrions à Dublin et qu’il me parle de ce film que j’ai tout de suite accepté. Car quand un réalisateur aussi doué que lui vient vous voir, ce sur quoi vous allez travailler n’a pas d’importance et je ne me suis pas posé la question.

Gabriel Byrne face à un dialogue impossible :

Cannes

Joachim Trier : Oslo, 31 août avait été présenté ici, à Un Certain Regard. C’était amusant en même temps qu’un grand honneur et ça m’a permis de me faire plus “d’amis” en France, c’est-à-dire d’avoir un plus large public, ce qui compte beaucoup pour moi car j’ai grandi en regardant des films français. Je suis donc très content de pouvoir montrer mes films ici et j’étais très honoré lorsqu’on m’a appelé pour être en Compétition.

Comment comparer Mad Max et Plus fort que les bombes ?

Gabriel Byrne : Il y a une grosse pression sur les réalisateurs à Cannes car tout le monde y recherche LE chef-d’oeuvre. Mais ça ne marche pas comme ça pour les films : on ne peut pas toujours comparer une chanson à une autre, une peinture à une autre ou un film à un autre. Comment peut-on comparer Mad Max à Plus fort que les bombes ? Il n’y a pas de comparaison possible. Le lieu où un film est présenté peut jouer sur les réactions, mais j’espère que ce film va transcender le festival.

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En attendant de savoir s’il transcende ce 68ème Festival de Cannes et sera au palmarès, Gabriel Byrne a été “jugé” par les frères Coen, qui l’avaient dirigé sur Miller’s Crossing en 1990. Et il se s’attend pas à être favorisé par eux : “Nous avons travaillé ensemble il y a très longtemps, mais il y a beaucoup d’affection entre nous”, nous explique l’acteur. “C’était l’un des premiers films qu’ils réalisaient, et le premier que je tournais aux Etats-Unis, mais ils seront impitoyables avec moi. Je connais aussi Jake Gyllenhaal car nous fréquentons le même restaurant à New York, donc j’irais le voir après le festival et je lui dirais…[il fait mine de le pointer du doigt et éclate de rire]”

Quand Jesse Eisenberg évoque son non-amour du football américain dans un extrait :

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