Cancer du sein : vers un dépistage à la carte ?

Selon une étude américaine, le délai idéal entre deux mammographies de dépistage dépendrait d’une évaluation du risque de cancer du sein de chaque femme et de la densité de sa poitrine. Les chercheurs recommandent ainsi un dépistage tous les trois ans pour les femmes avec un risque faible à modéré et tous les ans, pour les autres.

Le délai entre deux mammographies de dépistage doit-il prendre en compte les risques de chaque femme ?

En France, le dépistage organisé du cancer du sein permet aux femmes de 50 à 74 ans de bénéficier tous les deux ans d’un examen de dépistage de qualité pris en charge à 100 %.Dépistage du cancer du sein : quel est la bonne fréquence ?Le risque individuel de cancer du sein dépend de l’âge, d’antécédents familiaux de cancer du sein, et des résultats de précédentes biopsies mammaires. La densité mammaire influe également sur la fréquence des dépistages car une haute densité rend la détection des lésions anormales plus difficile, et est plus à risque de développer des tumeurs.”Notre objectif est d’aider à fournir des indications pour que les femmes et leurs médecins puissent évaluer les avantages du dépistage avec leurs propres risques et leurs préférences personnelles” a déclaré le Pr. Trentham-Deitz.

En utilisant les données d’une large population (recueillies dans le registre

Breast Cancer Surveillance Consortium), les chercheurs américains ont élaboré des modèles prédisant l’état de santé de femmes âgées de 50 à 74 ans en fonction de dépistage effectué tous les un, deux ou trois ans. Ils ont ensuite combiné ces résultats avec trois autres modèles de microsimulation capables de déterminer la meilleure fréquence de dépistage.En résumé, les chercheurs ont cherché à déterminer le bon équilibre entre la prévention des décès par cancer et la réduction des dommages involontaires qui peuvent résulter d’un dépistage (diagnostics faux positifs, biopsies inutiles, exposition aux rayonnements…). “Certaines lésions détectées lors d’un dépistage ne vont jamais se développer, n’auront pas d’impact clinique significatif et n’auront aucun impact sur la vie des femmes” a expliqué le Pr. Kerlikowske.Une mammographie tous les ans pour les femmes à risque, tous les trois ans pour les autresDans l’étude, les femmes ont été séparées en 4 catégories en fonction de leur risque individuel et de la densité de leurs seins. Pour les femmes ayant un risque moyen et une faible densité mammaire, les modèles ont montré qu’il n’y avait pas de différence en termes de décès évités par cancer du sein si elles sont dépistées tous les 2 ans (ce qui est actuellement la norme) ou tous les trois ans. Un dépistage tous les trois ans réduit les préjudices potentiels.A l’inverse, les femmes à risque élevé et avec une forte densité mammaire ont bénéficié d’un dépistage annuel, ce qui est plus fréquent que la norme actuelle des soins. “Ce groupe important de risque élevé/haute densité mammaire est très faible cependant, comprenant moins d’1 % de toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans” a déclaré Kerlikowske.Vers un dépistage à la carte ?Le Pr. Kerlikowske souligne que l’adaptation de la fréquence des dépistages est déjà pratiquée dans plusieurs pays européens, dont la Suède, les Pays-Bas et l’Espagne. Une étude espagnole, similaire à la modélisation BCSC, a constaté que la mise en œuvre d’un intervalle de dépistage général de trois ans, avec le dépistage annuel pour les femmes à risque élevé, réduit le risque de surdiagnostic et réduit le nombre de cancers manqués (les fameux

cancers de l’intervalle).A partir des résultats de leur étude, les chercheurs ont développé un

calculateur de risque accessible en ligne. C’est le premier qui prend en compte la densité des seins – un facteur-clé de dépistage dans cette étude.Les femmes à risque bénéficient déjà d’un dépistage spécifiqueEn France, les femmes de 50 à 74 ans bénéficient tous les deux ans d’un examen de dépistage de qualité pris en charge à 100 %.Les femmes porteuses d’une prédisposition génétique BRCA1 ou BRCA2 font l’objet d’un suivi sur-mesure, parfaitement codifié.En 2014, la

Haute autorité de Santé a établi les critères des autres femmes à haut risque de cancers du sein qui doivent bénéficier d’un dépistage spécifique2. Mais parmi les critères retenus (antécédents personnels ou familiaux de cancers du sein, antécédents d’hyperplasie canalaire atypique, d’hyperplasie lobulaire atypique ou de carcinome lobulaire in situ, de radiothérapie thoracique) ne figure pas la densité mammaire élevée, pour laquelle la HAS jugeait que “Après étude, il n’existe pas de preuve robuste du lien entre le facteur de risque analysé et la survenue du cancer du sein“.

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