Lambert Wilson: « La mort ne me fait pas peur »

Le film, Grand Prix du jury du Festival de Cannes, est sorti le 8 septembre et arrive largement en tête du box-office français (plus de 460 000 entrées, 21% des parts de marché). Dans Des Hommes Et Des Dieux -qui représentera la France aux Oscars- interprète un rôle éprouvant. Marqué par le décès de son père, l’acteur est en pleine métamorphose: il s’est livré à Gala.

Gala: Des Hommes et des Dieux a reçu le grand prix du jury au dernier festival de Cannes et est unanimement salué par la critique. A quoi cela tient-il, selon vous?
Lambert Wilson: Sans aucun doute à Xavier Beauvois. Sa mise en scène est émouvante, forte, presque sauvage. Il a voulu que nous soyons parfaitement préparés. Nous avons fait une retraite à l’abbaye de Tamié, en Isère. C’était en novembre. Il faisait froid et humide. On allait aux offices religieux la nuit. Nous nous sommes imprégnés de la lenteur de cette vie retirée du monde. Grâce aux cours de psalmodie, nous nous sommes libérés et élevés. Du coup, en arrivant sur le tournage au Maroc, nous partagions un fort sentiment de fraternité et de camaraderie. Nous étions comme débarrassés des apparats, de nos identités. Il n’y avait aucun cynisme, aucune ironie, pas de tensions. C’était surprenant.

Gala: Et inhabituel pour un plateau de tournage?

L. W.: Le fait de porter l’habit monastique nous poussait à surveiller notre conduite. D’autant que nous incarnions des personnes qui ont vécu et ont été tuées dans des conditions dramatiques. Nous nous devions d’être dignes d’eux. Pour leur famille. Il fallait leur rendre hommage.

Gala: Vous sentez-vous proche de Christian de Chergé?

L. W.: Pas du tout. Nous sommes très différents. C’était un intellectuel et moi, je suis un esprit embrouillé. Il était savant, je ne le suis pas. Je me suis juste abandonné aux questions qui étaient les siennes, à son combat, ses saines colères…

Gala: Croyez-vous vous-même en Dieu?

L. W.: Je suis quelqu’un de mystique. J’ai une fascination pour ceux qui consacrent leur vie à leur foi. J’observe la création avec un énorme respect qui me rend croyant. Toutefois, je garde une méfiance à l’égard des religions et des dogmes. Je suis perplexe. Et je n’aime pas trop en parler. Tout cela est très privé. D’autant que le mot Dieu est galvaudé, j’ose à peine le prononcer.

Gala: Des Hommes et des Dieux a reçu le grand prix du jury au dernier festival de Cannes et est unanimement salué par la critique. A quoi cela tient-il, selon vous?
Lambert Wilson: Sans aucun doute à Xavier Beauvois. Sa mise en scène est émouvante, forte, presque sauvage. Il a voulu que nous soyons parfaitement préparés. Nous avons fait une retraite à l’abbaye de Tamié, en Isère. C’était en novembre. Il faisait froid et humide. On allait aux offices religieux la nuit. Nous nous sommes imprégnés de la lenteur de cette vie retirée du monde. Grâce aux cours de psalmodie, nous nous sommes libérés et élevés. Du coup, en arrivant sur le tournage au Maroc, nous partagions un fort sentiment de fraternité et de camaraderie. Nous étions comme débarrassés des apparats, de nos identités. Il n’y avait aucun cynisme, aucune ironie, pas de tensions. C’était surprenant.

Gala: Et inhabituel pour un plateau de tournage?

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L. W.: Le fait de porter l’habit monastique nous poussait à surveiller notre conduite. D’autant que nous incarnions des personnes qui ont vécu et ont été tuées dans des conditions dramatiques. Nous nous devions d’être dignes d’eux. Pour leur famille. Il fallait leur rendre hommage.

Gala: Vous sentez-vous proche de Christian de Chergé?

L. W.: Pas du tout. Nous sommes très différents. C’était un intellectuel et moi, je suis un esprit embrouillé. Il était savant, je ne le suis pas. Je me suis juste abandonné aux questions qui étaient les siennes, à son combat, ses saines colères…

Gala: Croyez-vous vous-même en Dieu?

L. W.: Je suis quelqu’un de mystique. J’ai une fascination pour ceux qui consacrent leur vie à leur foi. J’observe la création avec un énorme respect qui me rend croyant. Toutefois, je garde une méfiance à l’égard des religions et des dogmes. Je suis perplexe. Et je n’aime pas trop en parler. Tout cela est très privé. D’autant que le mot Dieu est galvaudé, j’ose à peine le prononcer.

Gala: Avez-vous reçu une éducation religieuse?

L. W.: Oh non! Mes parents étaient plutôt du genre «bouffeurs de curé»! Ils étaient atterrés par mon attirance pour la religion. Petit, je réclamais pour aller à l’église. Peut-être justement parce que cela m’était interdit. Je me souviens, il y a une dizaine d’années, avec mon frère nous sommes arrivés en retard au réveillon de Noël chez eux parce que nous étions allés à la messe de minuit. Ils étaient fous de rage que le dîner soit carbonisé à cause d’une messe!

Gala: Aviez-vous parlé avec votre père, Georges, de ce rôle de prieur de Tibéhirine?

L. W.: Oui, et d’ailleurs il m’avait demandé s’il n’y aurait pas un rôle de vieux moine pour lui… La place était déjà prise par Michael Lonsdale. Mais de toute façon, cela n’aurait pas collé. Il aurait été trop cynique et n’aurait pas su trouver sa place.

Gala: Avez-vous reçu une éducation religieuse?
L. W.: Oh non! Mes parents étaient plutôt du genre «bouffeurs de curé»! Ils étaient atterrés par mon attirance pour la religion. Petit, je réclamais pour aller à l’église. Peut-être justement parce que cela m’était interdit. Je me souviens, il y a une dizaine d’années, avec mon frère nous sommes arrivés en retard au réveillon de Noël chez eux parce que nous étions allés à la messe de minuit. Ils étaient fous de rage que le dîner soit carbonisé à cause d’une messe!

Gala: Aviez-vous parlé avec votre père, Georges, de ce rôle de prieur de Tibéhirine?

L. W.: Oui, et d’ailleurs il m’avait demandé s’il n’y aurait pas un rôle de vieux moine pour lui… La place était déjà prise par Michael Lonsdale. Mais de toute façon, cela n’aurait pas collé. Il aurait été trop cynique et n’aurait pas su trouver sa place.

Gala: Vous rentriez à peine du tournage du film de Xavier Beauvois quand il est décédé, en février…

L. W.: Vous savez, j’ai un rapport particulier à l’au-delà. Mourir ne me fait pas peur. Nous avons à accepter que la vie nous échappe même si notre intellect ne peut pas le concevoir.

Gala: Comment vivez-vous le deuil, l’absence?

L. W.: Je m’y étais préparé depuis des années. Je savais que mon père n’était pas immortel. J’ai largement profité de lui de son vivant. Il me manque, mais sa disparition n’enlève rien à notre lien.

Gala: Tous ces événements vous ont-ils changé?

L. W.: J’ai été détruit! J’ai fait un burn-out complet. Il faut dire que j’ai enchaîné le tournage du Tavernier (La princesse de Montpensier, en salle le 10 novembre), celui-ci au Maroc, A Little Night Music au Châtelet et la préparation d’une pièce de Marivaux. Sans un jour de repos. Je mélangeais les époques, les genres, les concepts. J’étais nerveusement fatigué. Tout a été vécu dans la précipitation et je n’ai pas eu de répit pour pleurer mon père. Je n’en tire aucune gloriole. Au contraire! Cet été, j’ai ressenti le besoin de mettre de l’ordre, me poser. J’ai fait un pas net, un vrai travail d’introspection. Je ne suis pas devenu un autre, mais je m’assume mieux. J’ai la cinquantaine épanouie!

Propos recueillis par Amélie de Menou

Interview parue dans Gala le 1er septembre 2010

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