Quai d’Orsay: Antonin Baudry tombe le masque
Ce week-end, le tome 2 de l’album Quai d’Orsay a reçu le prix du meilleur album du festival d’Angoulême. Un prix que le dessinateur Christophe Blain est venu chercher accompagné de son mystérieux scénariste, Abel Lanzac, qui n’était autre qu’un ancien conseiller de Dominique de Villepin.
L’histoire ressemble presque à une histoire d’espionnage avec une taupe qui a infiltré un éminent service de la République française et dont l’identité tombe aujourd’hui. Sauf qu’on est loin d’un roman de Robert Ludlum et qu’il ne s’agit ici que de bande dessinée. Quai d’Orsay en l’occurrence, ce diptyque paru aux éditions Dargaud, a marqué le monde du 9e Art: cette satire politique s’attaquait à un fougueux ministre des Affaires Etrangères qui faisait penser à Dominique de Villepin.
Dimanche, le tome 2 de Quai d’Orsay a reçu le Fauve d’or du festival d’Angoulème. L’équivalent d’une Palme d’or à Cannes que son dessinateur Christophe Blain est venu chercher sur scène accompagné de son scénariste, Abel Lanzac, un pseudonyme qui a longtemps masqué le véritable nom de celui qui a écrit le scénario des deux albums: Antonin Baudry.
Inconnu du grand public, Baudry ne l’est pas dans les hautes sphères de l’Etat. Il était en effet conseiller de Dominique de Villepin lorsque celui-ci avait en charge les affaires étrangères, et il est aujourd’hui directeur du service culturel de l’ambassade de France de New York. Une fonction qui lui vaut de rencontrer des personnalités du 7e Art cette fois, comme le montre notre photo où on le voit en compagnie de Diane Kruger et Benoît Jacquot lors de la présentation du film Les adieux à la reine au Moma en juillet dernier.
Le festival d’Angoulême était donc l’occasion idéale pour Antonin Baudry de faire son coming out artistique. Comme il l’explique au Figaro, il a choisi de révéler son identité parce qu’aujourd’hui, les deux albums de Quai d’Orsay ont connu un véritable succès auprès du public et qu’ils ont été accueillis comme «un hommage à la diplomatie française» et montrent «des gens qui travaillent, qui se réunissent à trois ou quatre heures du matin, dans un petit bureau, pour tenter de gérer des crises à répétition». S’il a choisi à l’époque le pseudo d’Abel Lanzac, en hommage à Abel Ferrara dont il est fan, c’était sur les conseils d’amis diplomates, pour avoir «une vraie liberté d’écriture».
Antonin Baudry raconte ne pas avoir craint la réaction de Dominique de Villepin auquel il avait d’ailleurs envoyé le storyboard du premier album, au début du projet. «Il a éclaté de rire quand il l’a lu» confie-t-il à propos de celui qui est ensuite devenu Premier ministre et avec lequel il est resté en contact en titre amical.
Aujourd’hui que le masque est tombé, Antonin Lanzac ou Abel Baudry n’exclut pas de continuer à travailler avec Christophe Blain. Avec ou sans pseudo.