Le clan Chirac: deux filles, deux destins
Si la cadette est toujours en première ligne face aux médias, l’aînée restera une blessure secrète pour l’ancien président de la République, Jacques Chirac, et sa femme Bernadette. Claude et Laurence, n’ont pas eu la même enfance, mais ont pu compter toute leur vie sur l’amour indéfectible de leurs parents.
Cette photo de famille des Chirac, prise lors de leurs vacances en 1987, au large de Cap Ferrat, est révélatrice de la pudeur du clan Chirac tout au long de la carrière de l’homme politique. Jacques, alors Premier ministre, pose tout sourire aux bras de sa femme Bernadette et de sa fille Claude. Si la cadette est exposée, l’aînée des enfants Chirac, Laurence, ne figure elle pas sur le cliché. C’est la « fille cachée », la fille « protégée ».
Claude est brillante, volontaire, dès son plus jeune âge. Elle est souvent entourée de nombreux amis, et est en première ligne des nombreux mandats de son père. C’est elle qui assurera d’ailleurs sa communication lors du deuxième mandat présidentiel de Jacques Chirac, de 2002 à 2007, avant d’être le principal relai de la famille pour commenter son état de santé, notamment ces dernières années. Ses parents ont toujours été avec elle affectueux, mais exigeants, pour la tirer sans cesse vers le haut.
Tout le monde connaît Claude Chirac, dont la vie est presque tombée dans le domaine public. Mais très peu sont ceux qui ont déjà croisé Laurence, son aînée. Discrète par nature, ou par obligation, elle restera dans l’ombre du clan. « Le drame de ma vie », comme l’a un jour confié son père, au journaliste Pierre Péan.
Très rares sont les commentaires sur ce fameux drame. Bernadette expliquera un jour que sa fille « avait quinze ans » quand sa vie a basculé. « Ça a commencé par une méningite, et ça a été brutal » consentira-t-elle à avouer. Après une opération douloureuse, la jeune Laurence refuse de s’alimenter. C’est le début de sa longue maladie, encore méconnue à l’époque, l’anorexie mentale. Plus de trente ans, elle souffrira de ce mal, elle ira jusqu’à peser à peine 30 kilos.
« Laurence était une enfant particulièrement brillante, qui a été fauchée en plein vol » dira d’elle l’un des compagnons de route de l’ancien président, Jacques Toubon.
Le « drame de l’enfant malade » poursuivra Jacques Chirac tout au long de sa carrière. Mais en père de famille aimant, il adoptera une autre méthode pour entourer sa fille que l’exigence. Jacques Toubon raconte que Jacques Chirac, lorsqu’il était Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing« s’arrangeait tout de même pour glisser dans son emploi du temps des déjeuners avec Laurence. Il essayait de compenser le sentiment qu’elle avait pu avoir qu’il n’était pas suffisamment là. » Maire de Paris, dès 1977, leurs déjeuners seront même quotidiens.
Une attention qui place Laurence sur le chemin de la guérison. A 23 ans, elle relance alors ses études de médecine, reprend du poids, avant une grave rechute, qui place le clan Chirac dans un terrible sentiment d’impuissance. Les rumeurs sur sa mort apparaissent dans la presse. Les tentatives de suicide de la jeune femme se répètent.
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Mais Jacques et Bernadette gardent espoir. Un espoir « chevillé au coeur », selon l’ancienne première dame, sans doute intact jusqu’aux derniers instants de leur fille ce jeudi,après une hospitalisation, à l’âge de 58 ans.
Laurence n’aura peut-être pas aidé son père, comme Claude, dans son combat politique, mais elle aura été la source du combat politique de sa mère. « Une mère qui a échoué avec un enfant, qui n’est pas arrivée à le remettre en bonne santé, se sent toujours coupable », dira Bernadette Chirac pour expliquer sa volonté de créer sa Fondation Pièces Jaunes, pour permettre une hospitalisation digne et humaine aux enfants.
« Nous avons remué la terre entière mais les tentatives de suicide, et les hospitalisations se sont succédé. Nous étions dans un terrible désert affectif et moral. J’ai voulu épargner aux autres familles le calvaire que nous avons vécu. »
Ils protégeront leur fille des médias, l’excluant des photos pour la protéger, sauf lors des 80 ans de Jacques Chirac, en 2012, où tout le clan prend la pose pour le journal Paris Match. Sortie du calvaire quotidien de la maladie, elle restait néanmoins pour ses parents l’objet d’une attention permanente, selon sa mère.
“Si Laurence en est aujourd’hui sortie, cela laisse des traces. Comme des habitudes d’une existence à part, qui implique de ne jamais rester seule”.