Richard Bohringer: « Je suis sauvé, mais ça m’a tué »
Après de longs mois de combat contre un cancer, Richard Bohringer s’apprête à remonter sur scène. S’il est affaibli, l’acteur n’a rien perdu de sa ténacité et de son franc parler.
Richard Bohringer a vu la mort de près. Aujourd’hui, il savoure la vie. Un lymphome du système nerveux l’a longtemps tenu éloigné des planches et des plateaux de tournage, mais cette semaine l’acteur va reprendre sa pièce Traîne pas trop sous la pluie au Théâtre de l’Atelier à Paris, pour trente représentations. Comme il le confie dans l’édition de lundi du Parisien, Richard Bohringer trouve que «la scène a des vertus incroyables» même s’il nuance en estimant que «c’est difficile». Sa maladie l’a affaibli et sa résistance est émoussée. Il explique qu’il commence sa pièce à 19h et doit s’arrêter à 20h30, ce qui ne l’empêche pas de s’autoriser parfois des représentations plus longues.
Mais pour lui, remonter sur scène est inespéré. «Je suis un survivant, s’exclame-t-il. La vie a repris ce qu’elle pensait m’avoir donné en trop. C’est cher payé». Il ajoute: «J’en ai chié. Un truc de fou furieux». Mais dans son malheur, Richard Bohnringer s’estime heureux car il était bien entouré: par ses filles, par sa femme dont il dit qu’elle «a été fantastique» car elle a dormi au pied de son lit «cinq jours de suite», et les infirmières qui «ont été magnifiques». Il en est sûr: «S’il y a rémission, c’est grâce à elles».
Richard Bohringer partage surtout ce qui a changé dans sa vie depuis sa maladie. «On ne vit plus du tout de la même façon» affirme-t-il, précisant les petits détails du quotidien qui ne sont plus les mêmes, «tu mets des poignées dans la douche pour te tenir, tu prends dix minutes pour descendre du taxi…», sans parler des examens médicaux de contrôle tous les trois mois. L’homme de 74 ans reste mesuré: «Pour l’instant, ça tient. Je suis en rémission, il n’y a pas de guérison. Je ne me vois pas repartir là-dedans, ça m’a suffisamment détruit. Je suis sauvé, mais ça m’a tué.»
Il en profite également pour évoquer son expérience sur le tournage de Vue sur la mer, le film d’Angelina Jolie avec Brad Pitt. «C’est quelqu’un de très sympathique, Angelina Jolie. Brad Pitt aussi, explique-t-il. Elles sont curieuses, ces stars américaines. Brad Pitt, il carbure au whisky. Elle, c’est une drôle de nana». Mais il dit qu’elle l’a tout de suite rassuré lorsqu’il est arrivé à Malte pour le tournage, une semaine seulement après être sorti de l’hôpital. «On était sur une île paradisiaque, traités magnifiquement, avec humanité et discrétion. Ça a fait une parenthèse entre les chimios» s’amuse-t-il aujourd’hui.